mardi 26 novembre 2013

Je vis dans le noir

Non, il ne s'agit pas du dernier titre de Diam's. Je ne parle pas non plus d'une quelconque cécité de ma part. Je décris en fait notre situation actuelle, à nous tous qui vivons en Norvège...

C'est à dire qu'aujourd'hui le soleil se lève à 8h41 pour se coucher à ..... 15h29 ! Mais quelle feignasse ce soleil !
Pour se faire pardonner du baobab qu'il a dans la main, il brille de toutes ses forces durant sa courte journée. Ou pas. Quelquefois, on ne sait plus s'il a pensé à se lever, on a l'impression qu'il est resté au pieu, peinard.

Mon husband m'a achevée l'autre jour en me confiant benoîtement que les jours allaient encore diminuer d'1h00, jusqu'au 21 décembre ! Moi qui croyais qu'on était au maximum de la darkitude. Mais non, la durée du jour va se réduire encore, pour se contenter d'un minimum syndical de 6h !!  Une mentalité de fonctionnaire, ce soleil.
Je pense qu'il ne faudra pas éternuer pendant cet intervalle, sinon pffff, on passera du noir au noir en moins de 2.

Déjà aujourd'hui, c'est assez dingue.

Le temps de faire 3 trucs dans la journée et c'est déjà la night ! Et c'est à ce moment là que surgit une étrange sensation. Le corps et l'esprit se disent : "Tiens il fait nuit, et nuit bien bien noire, alors un petit thé et au lit". Il est 16h, on a l'impression qu'il est 21h. On pique du nez,  on s'engourdit, on ralentit. On ne sait plus trop où on en est, à quelle heure on mange ni dans quel état on erre (ah non, ça marche pas).

Je commence à comprendre pourquoi les Norvégiens font la journée continue  et quittent le boulot très tôt : pour profiter des derniers moments de lumière ! C'est bien foutu quand même.


Alors donc que le jour est aussi court que peut l'être une sieste de Braillard quand on veut se reposer, on se les gèle grave. Il caille sa race, il pèle sa mère. Il fait très froid, quoi. Mon PREMIER geste quand je me lève le matin est de regarder le thermomètre accroché à l'extérieur de la chambre. Et tous les matins, je m'attends à ce que celui ci m'indique des -10 ou des -15°, comme on m’avait promis dans la brochure. On n'en est pas (encore) là mais on s'en approche tranquillou, avec -2° la journée et -6/-7° la nuit. Des fois, il fait 2° et c'est la canicule.


L'antidote à tout cela : les vitamines..



2 comprimés par jour et vous pétez le feu

Existe aussi en version Braillards : 



1 cuillère par jour et ils pètent le feu


A droite, les Omega 3, soit de l'huile de foie de morue revisitée goût citron. A gauche, des vitamines, goût orange, y compris la fameuse vitamine D, dont le potentiel déficit fait flipper tout le monde ici.

Braillard1 ouvre le bec tous les jours pour ingurgiter une cuillère desdits breuvages, j'en conclus donc qu'ils ne doivent pas être aussi dégueu qu'ils en ont l'air.

Je vis dans le noir certes, mais plus pour très longtemps. Je fais mon Evelyne Dhéliat mais en mars, le soleil se lèvera vers 6h30 et se couchera vers 18h30. Courant avril, c'est 5h30-21h ! Allez, je vis dans le noir mais je vais vivre dans la lumière.. C'est beau.


Ha det bra !



vendredi 15 novembre 2013

Au resto à Oslo

Fouyouyouille, ça y est, le froid est là. 0° en début de semaine sur le thermomètre accroché à l'extérieur de la fenêtre.
Plus de feuilles sur les arbres dans ma rue, on va bientôt attaquer les choses sérieuses. !!

Nous sommes retournés en France la semaine dernière pour faire divers trucs.
J'hésite pour qualifier ces quelques jours, entre les termes de "calamiteux" et "catastrophiques". Bref.
Pour nous remettre de tout ça, outre le fait qu'on a tous dormi comme des sacs en rentrant en Norvège, on est sortis et on a mangé au restaurant avec les Braillards. Déjà, la fin de cette dernière phrase ne présage rien de bon. Les mots "Braillards" et "restaurant" étant aussi étrangers l'un à l'autre que les mots "Nabilla" et "Prix Nobel".

Certaines personnes passent toute une vie à essayer de battre des records, enchaînant déceptions et immenses joies. D'autres consacrent la leur à chercher obstinément un vaccin contre une maladie mortelle, d'autres encore font le tour du monde à cloche pied... Moi, mon plus grand défi est d'aller bouffer au resto avec les deux Braillards.


Nous voilà rendus chez Egon (allez un peu de pub), une chaîne norvégienne  de resto family friendly. Il y en a 33 dans tout le pays, dont 6 à Oslo. Nous étions à celui de la Karl Johan Gate, la plus célèbre avenue de Norvège.

On y mange des steaks, des pizzas, salades. Le principe est de commander soi même en allant faire la queue au comptoir, puis d'être servis à table. C'est sympa, convivial, bon enfant.

A notre arrivée, il faut déjà trouver une table avec un périmètre autour assez vaste pour accueillir le champs de bataille à venir..

Puis, 3, 2, 1, go, c'est parti...! Braillard1 et Braillard2 repèrent immédiatement la mini aire de jeux à proximité de notre table. Malheureusement, elle ne contient qu'un jeu vidéo pas de leur âge et une télé branchée sur une émission pas de leur âge. Ah putain, je comptais trop là dessus pour les occuper en attendant l'arrivée des plats.

Braillard2 est installé, je dirai ficelé plutôt, sur une chaise haute, qui elle même est posée directement sur une chaise de notre table. Le petit costaud se balance dangereusement  et la chaise haute avec...

A côté de nous est installé un couple de touristes avec une petite Braillarde d'un an environ. Ils mangent en silence, la petite ne moufte pas. Ses parents n'ont même pas besoin de jeter un oeil sur elle..

De notre côté, Braillard2 veut toucher à la bougie allumée,sur la table, il veut toucher au verre de coca qui arrive enfin, il veut toucher aux couverts.. Braillard1 répète "j'ai faim", "j'ai très faim".


Pendant ce temps, la petite d'à côté ne bronche pas.


Nos plats arrivent enfin.

Braillard1 veut qu'on lui coupe de petits morceaux de viande, mais bon, pas trop petits, mais bon, juste une partie du steak, mais bon, la viande mais pas le pain qui l'accompagne...
Braillard2 se bat avec Braillard1 pour lui piquer des morceaux de ladite viande, car nous avons eu la bonne idée de leur prendre un plat pour deux. En peu de temps, Braillard2 fait tomber assez de bouffe par terre pour nourrir tout un pays d'Afrique. Je vais chercher des renforts de serviettes en papier.

Pendant ce temps, la petite d'à côté ne bronche pas.

"Ils lui ont fait une piqûre paralysante ou quoi ??!!!", fais je à mon husband.

Je mange de la main gauche, mon bras droit étant occupé à repousser de l'autre côté de la table, et à les tenir hors de portée, la bougie enfin éteinte, le verre de coca vide sur lequel Braillard2 continue à faire une fixette, les quelques serviettes en papier encore rescapées...

Mon husband se lève pour aller commander un dessert pour Braillard1, qui se lève d'un bond pour "aller avec papa". Il disparaît en moins de deux à la poursuite de son père, tel un lièvre dans la forêt (ouais chouette l'image). Me voilà écartelée entre Braillard2 qui sent que je vais quitter la table et déjà ouvre la bouche pour manifester son mécontentement et la perspective de perdre Braillard1 dans le resto. Je coupe la poire en deux et prends Braillard2 dans les bras pour courir après Braillard1, qui court après son père.

Pendant ce temps, la petite d'à côté ne bronche pas.
Ses parents la mettent dans la poussette sans la moindre résistance de sa part et se dirigent vers la sortie.

A notre table, c'est la fin du repas. Braillard1 me traîne jusqu'aux toilettes une première fois pour pipi et une deuxième fois pour caca. Braillard2, qui n'en peut plus de sa chaise haute brinquebalante, se dégourdit les papattes en furetant dans le resto.
Il est temps de rhabiller tout le monde (15mn, on est en Norvège) et nous sommes dehors. Et voilà, défi of my life relevé !!! On s'en est même plutôt bien sortis.

Ha det bra !



lundi 11 novembre 2013

Observations (Part I)

Allez, il est  temps de faire un premier bilan de mes observations..

En vrac, souvent subjectif et parfaitement non exhaustif :


  • Le Norvégien est froid au premier abord
Pas du genre à vous taper dans le dos, ni à vous sauter dessus pour vous faire la bise, euh.. non en fait pas le genre à vous faire quoi que ce soit pour vous saluer. Un sobre "Hei !" (Salut) est largement suffisant.

  • Le Norvégien est malpoli
Ici on ne perd pas de temps en courbettes, ni en formules de politesse.
Vous vous prenez des portes dans la tronche à longueur de journée, les "mercis" sont en option, ainsi que les "au revoir"..
Exemple typique : Au club de gym, j'ouvre la porte du vestiaire, une fille en sort, non seulement elle ne me dit pas merci pour lui avoir tenu la porte, mais n'esquisse pas une seconde le mouvement de se reculer pour me laisser passer.

  • Le Norvégien ne fait pas de bruit
Ce qui est frappant dans tous les lieux publics, c'est le calme des gens et l'ambiance tranquille qui en découle.
A la gare centrale d'Oslo, c'est saisissant. On n'entend pas de bruit, alors que ce lieu est par définition très fréquenté. Et si on remarque des gens bruyants, oui, oui, ce sont des français, des italiens, bref tout ceux dont la discrétion n'est pas la qualité première..

Ici, pas d'éclats de voix, de "Mais qu'est ce qu'elle est mal foutue cette gare", "Cette SNCF de m**de",  pas de messages inaudibles crachouillés dans les haut-parleurs, de "Putain, y'a pas de guichet ouvert, qu'est ce qu'ils foutent ces fonctionnaires", "Mais il est où ce quai de m**de", pas de vociférations au téléphone portable, "Mais t'es où bordel, on avait dit devant le kiosque à journaux !!".
La culture norvégienne est individualiste. Chacun est libre de faire ce qu'il veut, tant qu'il ne gêne pas les autres.
En fait, les gens ne SE PLAIGNENT PAS. Et ça, c'est une grande nouveauté pour une française...

  • Le Norvégien est honnête
Une valeur de base, essentielle, sur laquelle tout repose ici.
Pas de truandage dans les files d'attente, chacun attend tranquillement son tour.
Si vous avez un souci avec un objet que vous avez acheté, vous pouvez le ramener au magasin, on le reprendra sans vous soupçonner d'entourloupe, sans interrogatoires poussés, ni remplissage de questionnaires de santé..
Si vous perdez quelque chose, il y a toutes les chances que vous le retrouviez là où vous l'avez laissé.
Dans les bacs à sable publics, les pelles, seaux etc sont à la disposition des braillards, et personne ne songerait un seul instant à les piquer.. on les laisse sagement pour les autres. 
Les mères de famille laissent leur braillard devant les café ou les magasin en toute confiance, pendant qu'elles sont à l'intérieur : 



Un Braillard fait sa sieste pendant que maman sirote son café avec ses copines... si, si regardez bien la petite main qui dépasse

Chacun se doit de respecter les règles car sinon, le tapage sur les doigts est immédiat. Et ça ne rigole pas. Mon husband s'est pris 5 prunes depuis notre arrivée. Un des motifs est que si l'on se gare près d'une intersection, il faut toujours laisser 5 mètres entre la bagnole et ladite intersection. 5 mètres !!!! Allez dire ça à un parisien, il vous dira qu'il y a la place pour garer un bus.
Les amendes passent l'envie de truander, que ce soit dans le bus, dans le train, en bagnole, puisque elles se situent entre 500 et 800 couronnes (environ 70 et 115€). Et pas de "J'suis français, comprends rien à la langue, le referai pas la prochaine fois". La loi, c'est la loi. Point.

  • Le Norvégien est sportif
Ici, tout le monde court, qu'il pleuve, qu'il vente et/ou qu’il fasse nuit (à croire qu'ils sont tous passés par le barnehage étant petits ma parole !!). En attendant l'arrivée de la neige, on fait du ski sur roulette. Tout le monde fait du vélo, en tirant même les braillards dans des espèces de remorques.
Résultat : à force de se bouger autant, le Norvégien et la Norvégienne sont bien gaulés, et filent des complexes à tout le monde.

Mon Dieu, mon Dieu, je m'aperçois, en me relisant, que je dresse un portrait un peu négatif des Norvégiens. Un genre de jogger fou, qui passerait son temps à marcher sur les pieds des autres sans s'excuser...


Que nenni ! Les Norvégiens sont aussi très gentils, serviables, simples, curieux des autres. Adorables, en fait. A condition d'aimer le sport et d'être respectueux des règles !

Ha det bra !

vendredi 1 novembre 2013

Welcome on board

Pour les plus nuls en géo, je rappelle qu'Oslo est située au bord de la mer. Qui dit mer, dit port, et donc bateaux. Oslo est reliée par ferry à l'Allemagne (vers Kiel), et au Danemark (vers Copenhague et Frederikshavn). Il y a des départs quotidiens.

Les ferries sont énoooormissimes, extrêmement impressionnants. Braillard1 adorant les bateaux, on va souvent les voir de près.

Jugez plutôt :

De jour...


De nuit.... ça a de la gueule, hein ?

J'habite tout près du port à partir duquel part le ferry pour Kiel (en Allemagne, suivez un peu quoi !!). La traversée dure 20h, rien que ça..
Tous les jours, à 14h, j'entends la sirène du ferry qui annonce son départ. C'est un bruit très très fort que j'entends parfaitement de chez moi, et qui devient assourdissant si on se trouve à l'extérieur.
Donc tous les jours, à 14h, j'entends cette sirène et à chaque fois, ça ne loupe pas, mon imagination se met à galoper...

Aussitôt, je ne suis plus dans ma cuisine en train de vider le lave-vaisselle, je suis transportée dans un monde de vacances, d'évasion, de mouchoir blanc agité en signe d'au revoir, de départ sur un coup de tête, après avoir préparé une valise vite fait....

Je m'imagine contempler le rivage, qui deviendrait de plus en plus petit, pour finir par disparaitre complètement. Je suis au milieu de la mer, j'ai largué les amarres !


Je rêve à des nuits blanches, accoudée au bastingage (ouah, fais péter le vocabulaire), à fumer une dernière clope avant le lever du soleil.


Tous les jours, à 14h, irrémédiablement, je me mets à fredonner  :
D'autres images me reviennent en tête, Leonardo Di Caprio sautant  avec son pote pour embarquer de  justesse sur le Titanic, la foule amassée pour voir le départ du bateau... soudain je suis Kate Winslet et j'assiste aux soirées du Capitaine, je fais des courses poursuites dans les étages du bateau, je monte sur le pont et je suis "le roi du monde" ! Enfin, vous voyez quoi...

Tous les jours, à 14h, la sirène du ferry retentit, je m'évade, je rêvasse, et puis.... je finis de vider le lave vaisselle. Vivement demain !!


Ha det bra !