mardi 12 avril 2016

Ode à Oslo


Ah mais je me rends compte que je n'ai pas dévoilé le grand gagnant de notre destination future. Alors, roulement de tambour, il s'agit, non pas de Kuala Lumpur, ni de Conakry, mais de Neuchâtel en Suisse. Allez on rigole pas.
Cette perspective de rentrer en France-mais-pas-vraiment-hein-ça-sera-quand-même-différent me plait bien....

En attendant, on vit une période de transition qui s'avère un peu délicate. Pas encore partis, mais s'approchant dangereusement du départ, et déjà obligés de se projeter dans une autre vie (in Switzerland), alors que celle-ci in Norway n'a pas encore dit son dernier mot.

Comme pour faire en sorte que je ne la regrette pas, Oslo s'ingénie à me montrer sa facette la plus sombre, temps exécrable, tempête de grêle de folie, ciel bas et gris jour après jour, alors qu'on est déjà en avril.

Mais il m'en faudrait plus, tu vois, Oslo, pour te détester, beaucoup beaucoup plus...

Beaucoup plus pour me faire oublier le coin de fjord que je peux apercevoir au bout d'une rue perpendiculaire à la mienne, et la chance que j'ai de pouvoir admirer la mer tous les jours...
Depuis presque 3 ans, j'ai tourné la tête à chaque fois quand je rentrais chez moi, pour contempler ce bout de mer, éclatant et scintillant les jours de beau temps, gris et presque invisible les mauvais jours, réduit à quelques points lumineux la nuit.

Beaucoup plus pour me faire oublier les centaines d'heures passées à la salle de sport, unies avec les copines dans l'effort, pour essayer de ressembler aux Norvégiennes bien foutues.

Tu as beau me jeter des trombes d'eau à la face, t'inquiètes pas, Oslo, je garde à l'esprit tout ce que tu m'as apporté. Je sais que tu peux aussi briller, séduire, me charmer par ta luminosité éclatante, ton air marin, ton champs des possibles.

C'est pas quelques jours (semaines) de mauvais temps aujourd’hui qui vont me faire oublier le printemps et l'été 2014, quand tu nous as montré une facette exceptionnelle de toi, et les Norvégiens à poil sur la pelouse d'à côté.!

...qui vont me faire oublier les quelques semaines chaque année où le lilas, une de mes fleurs préférées, embaume tout, magnifie les rues, parfume les journées.
...qui vont me faire oublier les glaces sur Akker Brygge.
...qui vont me faire oublier les cris et les rires des Braillards dévalant les pistes de luge.

Oslo, malgré tes tentatives actuelles pour te montrer détestable, tous les petits bonheurs que j'ai vécus avec toi pendant presque 3 ans sont là et bien là.

...Ramener de chez TGR ou Nille de petites bricoles...
...Flâner chez XXL (=Décathlon norvégien), être contente de faire des affaires, acheter...ou pas. Râler car tout est cher, se féliciter d'avoir autant de choix dans les articles de sport...

D'autres souvenirs encore...
Bergen et ses maisons rouges... Braillard1 qui court après les "Russ" pour avoir des cartes (rien à voir avec nos amis de l'ex-Union Soviétique, il s’agit du nom des lycéens norvégiens pendant leur période pré-bac, ils doivent porter une salopette traditionnelle et distribuent des sortes de cartes de visite à leur nom aux enfants, et pour ces derniers, le but du jeu est d'en récolter un max)...
Kristiansand et son zoo, que l'on a visité fin octobre dans une ambiance surréaliste, faite de brumes et d'allées désertées...
Ålesund et son festival de bikers, des dizaines de motards faisant coucou aux Braillards...
Tromsø et la chance de cocu d'avoir vu des aurores boréales (AB pour les intimes) alors que ça se jouait sur un soir...

Je suis même contente d'avoir bu XXX cafés à 30 NOK pendant ces presque 3 ans. Grâce à nous, les mamans françaises, la gérante du café Baker Hansen à côté de l'école a pu s'acheter comptant une hytte (chalet) avec jacuzzi dans les montagnes.
Je suis même contente d'avoir mis les bottes/combinaisons détrempées des Braillards à sécher à côté du radiateur, jour après jour...
Je suis même contente d''avoir fait des centaines de matpakke (non, je déconne, là).

Même les journées grises de solitude, Husband au boulot, enfants à l'école/barnehage, maman à la maison ensevelie sous les lessives à faire et nuit qui tombe à 15h00, ne me feront pas changer d'avis sur toi, Oslo.

Tu fais la gueule, Oslo, mais peu importe, comme dans une vieille relation de potes, je te connais très bien et je sais que tu souriras à nouveau...

Ha det bra !

PS  Il fait beau depuis quelques jours ! Je vous l'avais bien dit, trop forte, cette ville..