mardi 23 septembre 2014

Snakker du norsk ?

Quand on s'installe à l'étranger, la barrière première est celle de la langue. Quand il s'agit de l'anglais, pas besoin de faire un dessin. Quand c'est l'espagnol ou une autre langue répertoriée, pareil, ça parle à tout le monde. Mais quand c'est moins classique, prenons au hasard... le norvégien, les choses se corsent.

On me demande souvent si je parle maintenant couramment le norvégien et cette question perfide s'accompagne d'une imitation assez grossière de ce que les gens s'imaginent être une langue scandinave. Un truc du genre : "Slut over glut poreglüt ?!". ça se rapproche souvent du suédois, allez savoir pourquoi... moi je pense que c'est à force de lire les étiquettes de meubles Ikea !
Non, Madame, Monsieur, si le suédois et le norvégien se ressemblent beaucoup sur le papier, à l'écoute, c'est pas pareil.

Le norvégien se caractérise par des sons un peu compliqués, avec des lettres inconnues à nos yeux et à nos oreilles de pauvres frenchies, déjà peu disposés aux langues étrangères :

- æ qui se prononce comme un "a" plus ou moins ouvert suivant les mots.
- ø qui se prononce "eu" comme dans "høst" (automne). Attention, il faut en plus bien aspirer le "h". N'oubliez pas de respirer aussi..
- å qui se prononce  "o" comme dans "Jeg forstår ikke" (je percute rien)

On trouve également des combinaisons de lettre délirantes comme "skjørt".  Ah, ah, on est bien emmerdés, comment ça se prononce ce truc ? Pour briller dans les dîners en ville, ça veut dire "jupe". Et oui ! Allez un p'tit dernier pour la route : "skjære" qui signifie "couper". Je ne pensais pas qu'on pouvait mettre autant de consonnes à la suite !

Bref après ce petit cours de grammaire, sommaire mais néanmoins instructif, vous allez sûrement vous demander comment je m'en sors avec cette langue de dinguos ?
Et ben voyez vous, pas si mal que ça ! Je ne perds pas une occasion de parler på norsk  (en norvégien), n'hésitant pas à abreuver mes voisins de palier de nombreuses platitudes sur le temps qu'il fait en Norvège, les difficultés d’élever deux Braillards rapprochés de type masculin, j'en passe et des meilleures... Au barnehage aussi, je tiens la jambe à qui veut, et toujours sur des sujets de haute volée.
Reste la compréhension orale et c'est là, c'est la cata. J'ai beau faire répéter ("kan du gjenta ?", "pouvez vous répéter ?" pour les 2 du fonds qui suivent pas), la plupart du temps, le sens de ce qu'on me dit est aussi obscur qu'un soir de décembre au Cap Nord par temps couvert.

Malgré ces difficultés indépendantes de ma volonté, j'ai appris, depuis 1 an que je suis en Norvège, que faire l'effort d'apprendre cette langue permet vraiment d'avoir un meilleur contact avec les autochtones. Au lieu de s'arrêter à l'anglais (de toutes façons, les français sont des brêles en langues et surtout en anglais), mon conseil de se mettre au norsk.
Le Norvégien aime passionnément son pays et vous sera reconnaissant de s'y intéresser via sa langue. Mais si vous ne vous intéressez pas à sa langue, le Norvégien ne vous en voudra que modérément car de toutes façons, sa maîtrise de l'anglais est exceptionnelle et ferait rougir et se remettre en cause n'importe quel Ministre de l'Education français...

Mais je m'égare.
J'ai la chance de prendre des cours et je trouve d'ailleurs rigolo de retourner à l'école quand on l'a quittée depuis.. ah oui tout ce temps déjà. J'ai un prof, un livre de textes, un livres d'exercices (les "exos" comme on disait en 1994 quand j'ai passé mon bac. Oui je sais, ça fait 20 ans mais je vous emmerde).

Tiens, l'autre jour, je faisais mes devoirs de norvégien je matais l'Amour est dans le Pré, que Dieu bénisse le replay qui marche même à l'étranger et je me disais qu'apprendre une langue, quand on ne bosse pas, est un bon moyen de tenir ses petits neurones raccordés ensemble.

Alors voilà, à la question snakker du norsk ? (parlez vous norvégien ?) je répondrais JA, JA, Monsieur !.. du moins j'essaie et c'est déjà pas mal..

Ha det bra ! (Au revoir !)


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