Norwegian blues

Traditionnellement les spécialistes de la question décrivent le processus d'adaptation des expatriés à leur nouveau pays à l'aide d'un schéma comme celui ci dessous.

Avant de partir en Norvège, mon husband et moi même avions eu une journée Interculturelle où l'on nous avait présenté tout ça. Les entreprises qui envoient leurs salariés à l'étranger n’ont qu'une trouille, que les conjoints (plutôt les connesjointes d'ailleurs, ah ah) ne rentrent au bercail au bout de 6 mois, complètement déprimées et rongées par le mal du pays et qu'elles entraînent leur mari dans le gouffre de leur profonde dépression.

Donc pour éviter tout ça, on nous explique doctement ce qui va se passer en théorie :

Courbe de l'adaptation culturelle par Véronique Martin-Place  http://expatforever.blogspot.no/

ça a l'air un peu compliqué mais non.

En gros quand on arrive dans un pays étranger, tout est beau, tout est neuf. C'est la phase "lune de miel".

En suite, c'est la memerde, le bonheur s'écroule. Le pays qu'on croyait rempli de qualités devient une source de rejets. C'est le "choc culturel", plus ou moins prononcé suivant les pays et les personnes.
Une fois qu'on a trouvé ses marques, on en revient à une vision du pays plus juste et on s'adapte enfin à la réalité qu'on avait enjolivée au début. C'est la phase "d'adaptation".

ça vous rappelle rien ces successions de cycles ?? Ben si, c'est la même chose qui arrive aux couples !

Au début, on supporte tout puisque l'amour nous aveugle. Peu à peu, on ouvre les yeux...

1. La lune de miel
En Norvège

"Ah, c'est vraiment super de faire du ski à roulettes !"
"J’adore les kjøttboller"
"Noël en Norvège, ça a vraiment de la gueule"
"Le norvégien, si on a déjà fait de l’allemand, c'est facile"

Ce qui donne version couple :

"Il est beau même quand il est enrhumé !"

"Super cette musique tekno, il a des goûts éclectiques"

2. La désillusion

En Norvège

"Savent vraiment pas se fringuer, ces Norvégiens"

"Putain, dans 20 minutes il fait nuit noire"

"J'arrive même pas à comprendre le mode d'emploi de la purée en flocons en norvégien"
"1000 couronnes pour ce pull à la con ?? c'est du vol"

Ce qui donne version couple :

"Musique de con, je la supporte plus"

"Il pourrait au moins rincer la baignoire, je lui demande pas la lune"

3. L'adaptation

En Norvège

"Oui tout est cher en Norvège mais c'est de la qualité"
"Il n'y a pas de mauvais temps en Norvège, il n'y a que des vêtements pas adaptés"
"Ils ont raison ces Norvégiens, il n'y a pas que le boulot dans la vie, ils ont tout compris"

Ce qui donne version couple :

"Chacun écoute sa musique sans déranger l'autre, c'est parfait"
"Il rince pas la baignoire mais il fait les courses, c'est déjà énorme !"

Mais pourquoi je vous raconte tout ça au fait ? Oui, où veut elle en venir ?

Parce que je subis moi aussi l'influence de ces fameux cycles.

Plus dans l'euphorie des débuts, et sans avoir connu de réel "choc culturel"...  plutôt dans le cycle adaptation/acclimatation tendance questionnements existentiels. Qui suis je ? Où vais je ? Quel est mon avenir ? Aime je réellement le ski et les pølse ?

Cette 2éne année est pour moi, pour nous, une année plus "routinière" que la 1ère, même si cette routine est tout à fait relative. On a pris nos marques. Je sais acheter du pain sans que la vendeuse ne soupçonne que je suis française. C'est comme dans un couple, on est forcément un peu moins ébloui par l'autre après un certain temps ! (mp pour mon husband que je vois pâlir d'ici : toi, je te trouve toujours aussi brillant).

Et, forcément, on anticipe déjà la suite. Les 1ères questions sur le retour (en France évidemment, rappelez vous de l'abécédaire) se posent et donc la possibilité d'un "choc culturel inversé" se profile également. Allons nous supporter à nouveau de regarder les journaux télévisés français ? De voir le pays se paralyser quand il y a 2 cm de neige ?
Comment aborder un retour en ayant vécu une telle expérience à l'étranger ?
Allons nous reprendre nos vies d'avant, et surtout comme avant ? Non impossible, je sais que nous sommes changés à jamais par tout ce que nous vivons ici.

...Et puis la période d'hiver un peu plus dure à vivre que l'an passé, 
...Et puis ma candidature à une offre d'emploi de l'ambassade de France ; non, non, pas pour servir des Ferrero aux réceptions de l'ambassadeur ! La réponse ne s'est pas fait attendre et l'on m'a répondu d'un cordial mais néanmoins ferme et définitif : "Bonne continuation".
...Et puis ce mois de décembre qui est le varicelle's month, car Braillard2 l'a chopée et refilée à Braillard1, dans le cadre d'une politique de stricte égalité entre frères. Je navigue avec mes Braillards entre crème du matin, crème du soir, lessives car il faut changer les fringues non stop et séances d'hypnose "Non, tu ne veux pas te gratter !". Je vois des boutons partout et mon husband et moi même nous grattons comme des furieux, alors qu'évidemment on l'a déjà eue, cette foutue varicelle.

Toussa toussa, et plus encore font que j'ai, un peu comme Johnny, le (norwegian) blues. Ah oui je suis très fière du titre de mon post.!

Je me dis que l’expatriation est une source de questionnements perpétuels et c'est ça qui est bon.! 
Allez bientôt Noël, alors God Jul à tout le monde. Comme l'an dernier, c'est la routine, je vous dis...!


Ha det bra!